Les enfants peuvent-ils méditer ?


Par Anne-Sophie Ricard, Chirurgien Maxillo-Facial et Présidente de Mon Bonheur à Moi.

Selon le psychiatre Christophe André, la méditation pour les enfants était, il y a quelques années encore, un domaine quasi inexploré dont la démarche semblait « trop difficile et trop  intellectuelle pour un si jeune public ». 

Actuellement, c’est une pratique qui tend à se développer au sein des écoles notamment par le biais de la pleine conscience.

La médiation de pleine conscience qui utilise la respiration et  les sensations corporelles est un outil simple et donc accessible aux enfants.

La pleine conscience est la capacité de notre esprit à se tourner vers ce qui est là, ici et maintenant et à être pleinement présent à ce que nous vivons. Elle fait partie des aptitudes de l’enfant. 

Elle permet d’être présent  dans l’instant sans juger ou rejeter ce qui se passe. Elle permet d’accueillir ce qui se passe sans réagir ou devoir en faire quelque chose.  Ces moments permettent ainsi à des enfants sur-sollicités de s’arrêter, de reprendre leur souffle.

Il s’agit ici d’être et non plus de faire.

Les bienfaits de la méditation sont multiples. En maintenant l’enfant dans un état de questionnement ou d’immobilité pendant une durée limitée, la méditation développe l’aptitude à la concentration

Par son aspect calme et relaxant, la méditation peut favoriser l’endormissement et apaiser les angoisses liées à la nuit.

Enfin, la méditation a la vertu d’interroger les émotions. Cela permet de mieux les comprendre, les accepter, les ressentir et les formuler. Ainsi, il est possible pour les enfants pratiquant la méditation de mieux gérer leurs émotions.

Les enseignants qui ont dispensé la formation de méditation de pleine conscience D’Eline Snel (autrice de calme et attentif comme une grenouille) auprès de 300 enfants ont remarqué que les enfants étaient plus calmes, plus attentifs et faisaient preuve d’une  meilleure ouverture d’esprit.

Il existe plusieurs exercices  qui permettent de familiariser les enfants avec la méditation

La respiration en pleine conscience

L’exercice le plus simple qui permet à l’enfant de faire une pause, de s’apaiser. Assis ou couché, les yeux clos si cela lui convient, l’enfant est attentif à sa respiration pendant quelques minutes, sans chercher à la modifier.

La météo intérieure pour se relier à soi

C’est bien souvent le premier exercice d’une séance de méditation pour enfant, mais aussi celui qui peut, isolément, être réalisé à tout moment, n’importe quand.

Demandez à votre enfant : « Quel temps fait-il à l’intérieur de toi ? »

Leur poser la question leur demande de s’interroger sur ce qu’ils éprouvent. C’est le premier mouvement pour s’entrainer à être présent à ce qu’ils vivent, à se recentrer sur ce qu’ils ressentent.

L’exercice de l’arbre pour se réaligner et se poser

Demandez à votre enfant d’imaginer qu’il est un arbre.

Il se tient debout, les yeux fermés, et ressent que ses pieds, posés bien parallèlement au sol, s’enfoncent très loin. Comme des racines. Elles s’ancrent très profondément dans la terre, et il se sent ainsi solidement attaché. Puis, tout doucement, il relève les bras au dessus de la tête et s’étire très fort, très loin, comme si ses bras étaient les branches de cet arbre qui essaye d’attraper le soleil. Alors, demandez-lui de ressentir tout ce qu’il se passe dans son corps, du bout de ses doigts tout là haut dans le ciel, jusqu’au bout de ses pieds tout au fond dans la terre.

Cet exercice permet à l’enfant de se réaligner, de se redresser, d’avoir l’impression d’occuper tout l’espace et ainsi de se sentir plus fort, plus majestueux. Bien ancré dans le sol, il fait une pause et en ressort plus confiant.

La petite fourmi pour ressentir et se détendre

Cet exercice est l’adaptation du « balayage corporel » (body scan, en anglais) qui se pratique aussi en méditation avec les adultes. Contrairement à l’idée reçue, ce n’est pas du tout un exercice de détente ou de relaxation, mais un entrainement au déchiffrage de nos sensations. 

Dites à votre enfant de s’allonger confortablement, et racontez-lui l’histoire de la petite fourmi.

C’est donc l’histoire d’une petite fourmi qui commence à grimper sur le gros orteil du pied, le gros doigt de pied, oups, ça chatouille un petit peu. Mais la petite fourmi continue, et pouf, elle tombe au milieu des doigts de pieds. Oulala, c’est bizarre, c’est un peu humide et chaud par ici. Alors elle remonte sur l’autre doigt de pied et ainsi de suite (il faut détailler). Et puis elle se retrouve sur le dessus du pied et là, elle est soulagée, c’est quand même plus facile d’avancer. Elle arrive ensuite sur la jambe, au niveau de la cheville, et là c’est la forêt pour cette toute petite fourmi, il a des petites herbes aussi grandes qu’elle par-ci par-là. Et puis soudain, une grosse montagne, c’est le genoux… et ainsi de suite. Avec le nombril dans lequel elle tombe. Les battements du cœur qui bougent et font beaucoup de bruit. La bouche qui est humide. Le nez, qui souffle comme un gros ventilateur, puis l’aspire comme un gros aspirateur. Et ainsi de suite jusqu’aux cheveux, dans lesquels elle se perd dans cette jungle peuplée de grandes lianes… Et hop elle tombe parterre !

À la fin de l’histoire, la majorité des enfants sont tellement happés par leur imagination qu’ils cherchent la petite fourmi partout. Et surtout, ils se sentent complètement détendus. Parce que durant l’histoire, et alors qu’ils se concentraient sur toutes les sensations de leurs corps, imaginant cette petite fourmi leur grimpant dessus, ils ont sécrété des endorphines, les hormones du bien-être.

«  On ne peut pas arrêter les vagues, mais on peut apprendre à surfer »

  John Kabat-Zinn